15/01/2008

Microsoft rachète le norvégien FAST

74366b5f9e2bc0e0f4835c16170ce5eb.gif Cette annonce la semaine passée a surpris car le secret était bien gardé. Chez AMI Software, nous sommes assez bien outillés pour suivre les acteurs de notre domaine, et nous ne l’avions pas anticipé. Comme personne, d’ailleurs, ce qui prouve surtout que le secret était assez récent !

La bonne question à se poser est de savoir ce qu’a racheté Microsoft pour 1,2 Milliards d’euros.

La compagnie FAST ? Certainement pas. FAST est un acteur majeur (#2 mondial) des moteurs de recherche pour entreprise, c’est-à-dire un nain pour l’industrie informatique : en 2006, bonne année de l’éditeur (1), la compagnie emploie 600 personnes pour un chiffre d’affaires de 162M€. La même année, Microsoft employait 60 000 personnes et générait 44282M$, soit environ 36900M€ (au cours de l’époque) soit 227 fois plus de FAST !

La base client ? Avec 3500 clients FAST dans le monde, ce qui est respectable, cette base n’a pas beaucoup d’importance pour Microsoft qui est en situation de quasi-monopole dans le marché des PC et contrôle un tiers du marché des serveurs d’entreprise.

La technologie ? Manifestement oui. Celle de Fast est parfaitement respectable et il faut bien admettre que le moteur «Search Server» livré avec Windows gagne à ne pas être utilisé ! Or, dans le marché de l’entreprise, un autre acteur fortuné apparaît : Google. Et pas simplement, avec ces jolies « Google Appliance » peintes en jaune mais avec des offres complètes allant de l’hébergement (donc sans les serveurs Microsoft) au moteur de recherche, en passant par le portail et le Content Management System. En gros, le marché de Microsoft en entreprise. Qui se devait de réagir vite. Ce qui a justifié cet achat de technologie pas si fréquent chez l’éditeur de Seattle. Lorsque Microsoft, un peu en retard, a créé Internet Explorer, il l’a fait dans ses labos et n’a pas acheté Nescape.

Il faut croire qu’il y a péril en la demeure pour faire un si beau chèque aussi vite. En tout cas, il y a quelques Norvégiens qui vont passer de beaux jours au soleil !

Alain Beauvieux

(1) nous sommes partis des chiffres 2006 qui sont certifiés ; les annonces de Fast ont été sujettes à « forte discussion » dans le passé et invitent à la prudence.

02/12/2007

L’interface Google ?… pas si bête !

Un client me faisait remarquer récemment que l’interface de Google n’avait que très peu évolué depuis son lancement, très minimaliste, avec une case de recherche et une page essentiellement blanche. D’autant plus étonnant que la tendance actuelle chez les éditeurs français de moteurs de recherche (dont je fais partie) est plutôt à offrir de plus en plus d’outils de navigation : catégories, entités nommées, langues, mots associés, etc. Il est donc légitime de s’interroger à ce sujet.

Sauf à faire preuve d’une grande naïveté, les réponses ne sont pas à chercher du coté de « ils n’y ont pas pensé », « ils ne savent pas faire », « ils n’ont pas les moyens »… toute chose que le succès commercial et financier de Google infirme.

La réponse est plutôt chez les utilisateurs (comme toujours !). Force est de constater que depuis plusieurs années un « usage » des moteurs de recherche, au premier rang desquels Google, s’est développé, consistant à poser des questions, à regarder les 10 premiers résultats (exactement la page Google), et si l’utilisateur ne trouve pas son bonheur, à reposer une question, en ajoutant éventuellement un ou deux mots. Démarche itérative, basique, voire un peu brutale mais c’est un fait. Et l’utilisateur a toujours raison.

Bien évidemment, l’attitude d’un professionnel recherchant de l’information professionnelle sur un Intranet n’est pas la même que celle d’un internaute qui surfe sur le Web. Ou il est tentant de le penser bien qu’il s’agisse souvent de la même personne. De ce point de vue, une étude intéressante et visionnaire (1) avait été publiée fin 2003 relatant les différences individuelles en matière de recherche d’information sur le Web. Les auteurs constataient, que contrairement à leurs attentes, les outils de navigation sophistiqués offerts en plus d’une interface minimaliste n’étaient utilisés que par 8% des utilisateurs.

La réponse à l’interrogation de notre client est probablement là : la grande majeure partie des utilisateurs, qu’il soit internaute au intranaute, ont le comportement itératif décrit précédemment. Et pour cela une interface minimaliste est suffisante.

Alors doit-on en conclure qu’en dehors de Google point de salut. En ce qui concerne la recherche d’informations en entreprise, certainement pas ! Car la vraie question est la pertinence des informations remontées et donc la qualité de la technologie d’indexation. Et celle de Google est construite pour faciliter le « surf » sur Internet sur un immense volume de données, en favorisant les pages les plus populaires. Est-ce cela dont les intranets d’entreprise ont besoin ? Certainement pas et il y a beaucoup mieux chez les éditeurs français du domaine. Même si la réflexion autour de l’interface minimaliste est à prendre en compte avec humilité … et sagesse !

Alain Beauvieux

(1) L’étude en question est publiée dans “IHADJADENE M., CHAUDIRON S. et MARTINS D., " The Effect of Individual Differences on Searching the Web ", in Proceedings of the 66th Annual Meeting of the American Society for Information Science and Technology, Long Beach, October 19-22, 2003, p. 240-246.”