09/07/2008

Il pleut des moteurs…

0f0d5ce59248d33088efce196df65fcb.gif … de recherche, bien sur !

En l’espace d’une semaine, une actualité riche : Microsoft annonce le rachat du moteur PowerSet (petite start up californienne) (1), quelques français clament dans le Monde «Un Google à la française » (2) et le Monde Informatique nous livre les résultats d’une grande étude Forrester Research (3) où on apprend que seuls les moteurs américains tiennent la route!

Quoi de neuf pour une telle avalanche de nouvelles? En fait pas grand chose sauf qu’en y réfléchissant, d’une part, on peut s’amuser et d’autre part, trouver plus intelligent à faire.

La dernière news est évidemment la plus drôle. Je me souviens dans un passé professionnel pas si ancien que la société pour laquelle je travaillais rêvait d’être dans le «magic quadrant» de Gartner ? Que faire ? La réponse a été facile à trouver : en finançant une étude à 125 000US$, nous nous donnions les moyens d’être correctement évalués et positionnés. Ce qui fût fait! La question posée est bien évidemment de savoir ce qui se serait passé si nous n’avions pas financé cette étude…. Depuis, j’attache beaucoup moins d’importance aux cadrans magiques.

Ensuite, j’ai beaucoup aimé la lecture de l’article du Monde, écrit par certains de mes confrères, au demeurant des entrepreneurs respectables. Beaucoup aimé car l’article m’a rappelé mon enfance à la campagne où j’écoutais à la radio les étapes du Tour de France et l’eternel second, Raymond Poulidor, rêvant de devenir maillot jaune avec assez peu de succès, devant le belge Eddy Merck. C’est assez curieux cette manie de vouloir toujours suivre les autres. Sans comprendre qu’avant de déloger Google, l’effort va être conséquent et bien évidemment pas au niveau de quelques PMEs françaises même richement subventionnées. Dans le Google à la française, il y a indéniablement du Poulidor !

De ce point de vue, le rachat de Powerset par Microsoft est autrement plus intéressant. Evidemment que Microsoft n’a pas racheté Powerset pour son moteur; il y a quelques mois il s’était déjà offert le moteur FAST qui est une société d’une autre envergure. En revanche, il s’est offert une technologie d’analyse sémantique. Pourquoi? Certainement pas pour faire Google. Mais plus vraisemblablement pour faire ce que des PMEs, notamment françaises, proposent c’est-à-dire d’autres applications que le «je pose une question, j’ai des réponses» googlien. Il y a d’immenses possibilités de valorisation des informations du Web. Et Microsoft y travaille.

Chez AMI Software, nous avons choisi de développer des logiciels de veille et de capitalisation d’informations stratégiques et des produits pour le suivi et l’analyse des opinions des internautes. Il ne s’agit donc pas uniquement de «moteur de recherche» mais aussi «d’automate de collecte», d’outils de text mining et d’analyse sémantique… Bref, tout un champ nouveau d’applications pour lequel les PMEs françaises sont très performantes. Au lieu de jouer les Poulidor de Google, mieux vaut investir dans des domaines nouveaux de l’Internet où la compétition est encore possible. C’est ce que nous cherchons à faire avec un peu de créativité et la confiance de nos clients.

(1) http://www.vnunet.fr/fr/news/2008/07/02/moteur_microsoft_...
(2) http://www.lemonde.fr/opinions/article/2008/07/07/un-goog...
(3) http://www.lemondeinformatique.fr/actualites/lire-autonom...

21:45 Publié dans Humeurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Google, Powerset, Microsoft

02/12/2007

L’interface Google ?… pas si bête !

Un client me faisait remarquer récemment que l’interface de Google n’avait que très peu évolué depuis son lancement, très minimaliste, avec une case de recherche et une page essentiellement blanche. D’autant plus étonnant que la tendance actuelle chez les éditeurs français de moteurs de recherche (dont je fais partie) est plutôt à offrir de plus en plus d’outils de navigation : catégories, entités nommées, langues, mots associés, etc. Il est donc légitime de s’interroger à ce sujet.

Sauf à faire preuve d’une grande naïveté, les réponses ne sont pas à chercher du coté de « ils n’y ont pas pensé », « ils ne savent pas faire », « ils n’ont pas les moyens »… toute chose que le succès commercial et financier de Google infirme.

La réponse est plutôt chez les utilisateurs (comme toujours !). Force est de constater que depuis plusieurs années un « usage » des moteurs de recherche, au premier rang desquels Google, s’est développé, consistant à poser des questions, à regarder les 10 premiers résultats (exactement la page Google), et si l’utilisateur ne trouve pas son bonheur, à reposer une question, en ajoutant éventuellement un ou deux mots. Démarche itérative, basique, voire un peu brutale mais c’est un fait. Et l’utilisateur a toujours raison.

Bien évidemment, l’attitude d’un professionnel recherchant de l’information professionnelle sur un Intranet n’est pas la même que celle d’un internaute qui surfe sur le Web. Ou il est tentant de le penser bien qu’il s’agisse souvent de la même personne. De ce point de vue, une étude intéressante et visionnaire (1) avait été publiée fin 2003 relatant les différences individuelles en matière de recherche d’information sur le Web. Les auteurs constataient, que contrairement à leurs attentes, les outils de navigation sophistiqués offerts en plus d’une interface minimaliste n’étaient utilisés que par 8% des utilisateurs.

La réponse à l’interrogation de notre client est probablement là : la grande majeure partie des utilisateurs, qu’il soit internaute au intranaute, ont le comportement itératif décrit précédemment. Et pour cela une interface minimaliste est suffisante.

Alors doit-on en conclure qu’en dehors de Google point de salut. En ce qui concerne la recherche d’informations en entreprise, certainement pas ! Car la vraie question est la pertinence des informations remontées et donc la qualité de la technologie d’indexation. Et celle de Google est construite pour faciliter le « surf » sur Internet sur un immense volume de données, en favorisant les pages les plus populaires. Est-ce cela dont les intranets d’entreprise ont besoin ? Certainement pas et il y a beaucoup mieux chez les éditeurs français du domaine. Même si la réflexion autour de l’interface minimaliste est à prendre en compte avec humilité … et sagesse !

Alain Beauvieux

(1) L’étude en question est publiée dans “IHADJADENE M., CHAUDIRON S. et MARTINS D., " The Effect of Individual Differences on Searching the Web ", in Proceedings of the 66th Annual Meeting of the American Society for Information Science and Technology, Long Beach, October 19-22, 2003, p. 240-246.”

16/11/2007

Google – Pages Jaunes : 4-0.

Le score est sans appel !

Il y a quelques jours une collaboratrice de PagesJaunes m’a appelé pour me signaler que nous n’avions pas retourné leur formulaire de commande. Le ton courtois mais ferme laissait penser à la faute.

Les Pages Jaunes n’étant pas obligatoires, je lui demande pourquoi je devrais signer un engagement de 250€ (ce que nous faisons il est vrai depuis toujours).

- Réponse : «C’est indispensable si vous voulez que vos clients et prospects trouvent votre société ».
- Question : «Vous êtes sure ? Pouvez-vous taper « AMI Software » sous Google.
- Réponse : «Bravo ! Vous êtes dans les premiers ».
- « Maintenant faites la même chose sous Pages Jaunes »
- Question : « quelle ville ? »
- Réponse : « Google ne le demande pas ; AMI Software est à Paris, Montpellier, Cambridge. Disons Paris ».
- Réponse de mon interlocutrice : « c’est une autre société qui apparaît. Pour vous, il faut taper Go Albert sinon vous n’êtes pas référencés mais on peut trouver une solution » (en fait, AMI Software est la marque introduite en juin dernier et Go Albert, la raison sociale).
- Ultime question de ma part : « pourquoi voulez-vous que nous payons 250€ un service pas facile à utiliser alors qu’un meilleur est gratuit ?».

La réponse n’était pas dans l’argumentaire et mon interlocutrice, pourtant pleine de bonne volonté, n'a pu me la donner.

Alors pourquoi un score de 4-0 en faveur de Google: 1 pour le prix (on a envie de dire 2), 1 pour la qualité de service (pas besoin de préciser la « localité » comme au bon vieux temps du Minitel), 1 pour la réactivité (je n’ai jamais écrit à Google pour leur signaler notre nouvelle marque) et 1 parce que je n’ai même pas à remplir de formulaire. Score sans appel.

Même si Pages Jaunes est un beau succès en tant qu'entreprise, ma remarque invite sans doute à la réflexion car rien n'est acquis.

Et chacun pourra apprécier mon fair-play car ma société est parfois en concurrence avec Google sur certains dossiers d'entreprise.