25/11/2007

Blogs, forums, etc. quelle légitimité ?

6e6494b2f036e8cb4c2eca475769c918.jpgLe terme blogosphère s’est très vite imposé dans l’univers d’Internet et plus particulièrement des analystes qui s’intéressent à ce médium. Il y a deux semaines, le journal Le Monde consacrait un article sur le devenir de la blogosphère politique, constatant d’ailleurs que le nombre de blogs de cette nature était sans cesse croissant, bien qu’il n’y ait pas actuellement d’enjeu électoral.

Une question est de savoir si réduire l’analyse des lieux d’expression sur Internet à la seule blogosphère est légitime. La réponse est bien évidemment négative. L’intérêt de la démarche que nous mettons en avant est celle de l’observation de ces lieux d’expression, observation faite sans qu’il y a eu préalablement de biais introduits par des questions posées ou des critères de sélection d’un panel. Que ces lieux soient des blogs, des forums, les zones de commentaires que proposent les sites média ne change pas rien à cette démarche. Certains secteurs, comme par exemple la santé, ont vu le développement de forums spécialisés bien avant que le terme de Web 2.0 existe !

Il est toutefois un élément non négligeable à prendre en compte concernant la fiabilité des informations collectées. Les blogs sont par essence personnels ; l’auteur est connu ; les opinions qui sont exposées sont - a priori - sincères. Toutes les entreprises ou agences qui ont essayé de faire de «faux blogs» prétendument personnels ont échoué, la supercherie se retournant contre eux. Il est évident que les forums sont beaucoup plus facilement influençables dans la mesure où il est difficile de savoir si «Sylvie P.» n’est pas simplement une agence payée pour distiller des messages bien pensés. Il en est de même de tous les lieux d’expression où l’auteur n’est pas clairement identifié.

Alain Beauvieux

Cette contribution est développée dans l’article «Listening instead of asking: how blogs provide a new way to better understand market trends», par François Laurent, (http://www.marketingisdead.com) et Alain Beauvieux. Voir www.esomar.org ou www.amisw.com onglets « Documentation/Etudes et rapports ».

21:45 Publié dans Métiers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : blogs, forums, influence

18/11/2007

Body vs Long Tail …

… ou quels lieux d’observation ?

f6dd71030cd8ed5c2f0ae532a87d2d6b.jpg Dans notre article publié à l’ESOMAR (1), un des points abordés est évidemment « que doit-on observer ?». La blogosphère peut se structurer en deux sous-ensembles dénommés par les Anglo-Saxons : «Body» pour les blogs dits d’autorité et «Long Tail» pour les millions d’anonymes, désignation faite en référence à la courbe qui les décrit.

Le critère généralement admis pour qualifier un «blog d’autorité» est son classement par les moteurs de recherche caractérisé par son «page rank». Ce coefficient est déterminé par une combinaison de plusieurs paramètres propres à chaque moteur, celle de Google ayant fait sa fortune. En particulier, l’indice de popularité qui traduit la densité des liens entre un site et le reste d’Internet est un élément déterminant (si vous voulez me faire plaisir, n’hésitez pas à citer mon blog dans vos communications !). Dans ces conditions, le postulat est simple : plus un blog est visible plus il est représentatif des opinions du plus grand nombre. Les blogs français les plus représentatifs ont un page rank de 5 ou 6.

Constatons d’emblée que le nombre de blogs d’autorité est très faible : par secteur d’activité, il va tourner autour de quelques dizaines, ce qui finalement pour le technicien, est un bonne nouvelle car il est élémentaire d’indexer quelques centaines de sites.

Si cette heuristique «connu donc représentatif» est a priori séduisante, elle s’avère très restrictive d’un point de vue opérationnel. D’une part, dans le cas d’études sur l’opinion, nous avons pu vérifier régulièrement que l’opinion de «spécialistes» n’était pas celles d’une large population. Ceci est particulièrement vrai pour les consommateurs et l’est tout autant de la sphère politique. Sur son blog, M. Loïc Le Meur donne ses opinions et ses analyses à la façon d’un journaliste (ce qui tend de fait à devenir, la rédaction de son blog étant son activité principale). Ses opinions sont beaucoup trop convenues – sans que le terme soit péjoratif – pour affirmer qu’elles soient spontanées.

Si l’on souhaite réellement connaître l’avis des milliers de consommateurs du «Café du Commerce électronique», il faut analyser la Long Tail soit en France, environ 4 millions de blogs. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour le technicien mais va constituer une extraordinaire base d’observations de la société.

Et le pouvoir d’influence ? C’est une tout autre dimension et il est évident que celui des blogs d’autorité est réel au même titre que celui de tous les autres médias. Plusieurs acteurs dont la société pour laquelle je travaille ont des projets et des offres à ce sujet qui est pour le moins complexe. Là aussi trouver un coefficient qui mesure le pouvoir d’influence n’est pas trivial : réduire le pouvoir d’influence à un comptage de nombre de liens est évidemment réducteur. Ce n’est pas parce qu’une opinion est partagée qu’elle est admise.

Mais alors, comment suivre et analyser les millions de contributions de la Long Tail. La suite au prochain épisode ou si vous êtes pressés vous pouvez lire l’article.

Alain Beauvieux

(1): « Listening instead of asking : how blogs provide a new way to better understand market trends », par François Laurent, (http://www.marketingisdead.com) et Alain Beauvieux. Voir www.esomar.org ou sur demande.

16/11/2007

Google – Pages Jaunes : 4-0.

Le score est sans appel !

Il y a quelques jours une collaboratrice de PagesJaunes m’a appelé pour me signaler que nous n’avions pas retourné leur formulaire de commande. Le ton courtois mais ferme laissait penser à la faute.

Les Pages Jaunes n’étant pas obligatoires, je lui demande pourquoi je devrais signer un engagement de 250€ (ce que nous faisons il est vrai depuis toujours).

- Réponse : «C’est indispensable si vous voulez que vos clients et prospects trouvent votre société ».
- Question : «Vous êtes sure ? Pouvez-vous taper « AMI Software » sous Google.
- Réponse : «Bravo ! Vous êtes dans les premiers ».
- « Maintenant faites la même chose sous Pages Jaunes »
- Question : « quelle ville ? »
- Réponse : « Google ne le demande pas ; AMI Software est à Paris, Montpellier, Cambridge. Disons Paris ».
- Réponse de mon interlocutrice : « c’est une autre société qui apparaît. Pour vous, il faut taper Go Albert sinon vous n’êtes pas référencés mais on peut trouver une solution » (en fait, AMI Software est la marque introduite en juin dernier et Go Albert, la raison sociale).
- Ultime question de ma part : « pourquoi voulez-vous que nous payons 250€ un service pas facile à utiliser alors qu’un meilleur est gratuit ?».

La réponse n’était pas dans l’argumentaire et mon interlocutrice, pourtant pleine de bonne volonté, n'a pu me la donner.

Alors pourquoi un score de 4-0 en faveur de Google: 1 pour le prix (on a envie de dire 2), 1 pour la qualité de service (pas besoin de préciser la « localité » comme au bon vieux temps du Minitel), 1 pour la réactivité (je n’ai jamais écrit à Google pour leur signaler notre nouvelle marque) et 1 parce que je n’ai même pas à remplir de formulaire. Score sans appel.

Même si Pages Jaunes est un beau succès en tant qu'entreprise, ma remarque invite sans doute à la réflexion car rien n'est acquis.

Et chacun pourra apprécier mon fair-play car ma société est parfois en concurrence avec Google sur certains dossiers d'entreprise.

14/11/2007

ESOMAR Qualitative Research Conference

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ESOMAR World Research Conference s’est tenue les 12 et 14 novembre 2007 à Paris avec comme thème « Qualitative Research in the 21st Century ».

François Laurent, (www.marketingisdead.com) et moi-même avons présenté à cette occasion un article intitulé : « Listening instead of asking : how blogs provide a new way to better understand market trends », finalement une des seules contributions françaises sur les 49 intervenants.

Cette nouvelle méthodologie reposant sur le produit AMI Enterprise Intelligence rencontre un intérêt croissant au sein des Instituts et agences de communication, comme Repères (www.reperes.net) et Boléro (www.bolero.fr ), qui y voient une nouvelle façon de mieux analyser et comprendre les attentes des consommateurs, en complément des méthodes traditionnelles.

La conférence qui a regroupé près de 300 participants de 42 pays a été l’occasion d’un véritable échange sur un sujet où les Français sont assez en avance. A l’inverse du retard général sur Internet (La France est le dixième pays européen en terme d’équipements – cf dossier du Monde 2 du 17-18/11), notre pays est un champion de la blogosphère. Après tout, les blogs sont des millions de « café du commerce » où chacun donne son point de vue.

Avec François, nous publierons quelques chapitres significatifs de l’article dans nos blogs respectifs mais si vous voulez le lire dans son intégralité, n’hésitez pas à nous le demander.

Alain Beauvieux

10:20 Publié dans Métiers | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : esomar, listening, observer

07/11/2007

Wikipedia dans l’Histoire.

0ead25056c0d23afbf1fcc2b971a5f79.jpg La très sérieuse revue l’Histoire (1) publie dans son numéro de novembre un article intitulé « Wikipedia est-elle fiable ?». Une première réponse à cette question avait déjà été donnée par la tout aussi sérieuse revue Nature dans son numéro du 15 décembre 2005 indiquant dans le chapeau de son enquête « Jimmy Wales’ Wikipedia comes close to Britanica in terms of accuracy of its science entries, a Nature investigation finds ». L’article de l’Histoire confirme cette analyse, partagée quotidiennement par … quelques dizaines de millions d’utilisateurs mais nuancée par un encadré de M. Jean-Noël Jeanneney.

Il constate une faiblesse de Wikipedia pour « deux naïvetés majeures » :
1) « la rencontre d’un grand nombre d’individus de compétence et de culture inégale » ne peut aboutir à « un savoir sûr », cette qualité ne pouvant être garanti que par « un comité qui fasse autorité et qui guide rigoureusement les rédacteurs ».
2) « ...l’accumulation de faits juxtaposés tend à mettre sur le même plan l’essentiel et l’anecdotique, à empiler des données que n’organise aucun esprit synthétique…».

Le premier argument n’est pas nouveau ; c’est finalement celui des tenants du suffrage censitaire au XIXe siècle préférant laisser les choix essentiels de la nation à quelques « esprits synthétiques » (et accessoirement fortunés !). Il ne s’agit pas de nier l’importance de la compétence et de l’expérience ; j’ai tout au long de ma vie professionnelle pu vérifier le fait que l’on ne faisait jamais l’économie de sa formation. Simplement, j’avoue être toujours dubitatif quant à l’existence des « savoirs sûrs » qui sont un peu comme les « vérités » : elles sont toujours relatives à un groupe culturel, à une époque et à un ensemble de connaissances et de valeurs qui en sont le reflet.

La réalité sans doute mal comprise par M. Jeanneney est l’universalité des points de vue que peut apporter Wikipedia, opération rendue possible par la rupture technologique qu’a introduit Internet puis les outils de travail collaboratif désigné par le vocable « Web 2.0 ». M. Jeanneney conclut son billet par « l’infidélité de Wikipedia à la grande aventure de Diderot et d’Alembert auquel son nom fait référence ». ». Il serait intéressant d’imaginer quelle aurait été leur réaction face à cette formidable ouverture offerte par Internet. Constatons par exemple qu’ils avaient pris le soin de s’entourer d’une « société de gens de lettres » pour rédiger « l’Encyclopédie ou Dictionnaire des sciences, des arts et des métiers », sans doute conscient que l’universalité impose l’exhaustivité des points de vue, mais avec les limites techniques de leur époque. Ce qui, au XVIIIème siècle était en soi révolutionnaire, notamment sur le plan politique, nos monarques étant peu friands de cette exhaustivité.

Certes, mais l’esprit de synthèse qui garantit l’objectivité et les savoirs surs ? Je fais partie de ceux qui pensent que cette sagesse est souvent dans l’esprit critique de chacun, capable pour peu qu’il ait eu l’instruction et l’éducation nécessaire, de se construire son opinion à partir des informations dont il dispose. Cette faculté est une valeur incontournable et elle est le fondement de toute démocratie. Elle n’est pas liée à une technologie ou même un mode de construction lexicographique. La question posée par Wikipedia n’est pas tant sa fiabilité mais plutôt son usage. Il est clair que si l’élève recopie naïvement ce qui lit sans réflexion personnelle, il est peu probable que l’expérience soit enrichissante. Ce qui n’est pas vraiment nouveau mais simplement amplifiée et facilitée par Internet.

Alors disons simplement que Wikipedia offre une formidable plateforme de recueil de savoirs et de connaissances avec une universalité impossible à atteindre avec des moyens traditionnels. Comme le constatait récemment F .Laurent dans son blog (http://www.marketingisdead.com) lors de l’annonce la mort de « Paul Tibbets, l'Américain qui a largué la bombe atomique sur Hiroshima ». Nous ne nous étions pas concertés mais sa note tombe à pic !

Alain Beauvieux

(1) L’Histoire, revue de référence, dont le site est www.histoire-presse.fr, est publiée par la société des éditions scientifiques, qui édite aussi le magazine La Recherche.

22:30 Publié dans Humeurs | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : Wikipedia, L'Histoire