18/11/2007

Body vs Long Tail …

… ou quels lieux d’observation ?

f6dd71030cd8ed5c2f0ae532a87d2d6b.jpg Dans notre article publié à l’ESOMAR (1), un des points abordés est évidemment « que doit-on observer ?». La blogosphère peut se structurer en deux sous-ensembles dénommés par les Anglo-Saxons : «Body» pour les blogs dits d’autorité et «Long Tail» pour les millions d’anonymes, désignation faite en référence à la courbe qui les décrit.

Le critère généralement admis pour qualifier un «blog d’autorité» est son classement par les moteurs de recherche caractérisé par son «page rank». Ce coefficient est déterminé par une combinaison de plusieurs paramètres propres à chaque moteur, celle de Google ayant fait sa fortune. En particulier, l’indice de popularité qui traduit la densité des liens entre un site et le reste d’Internet est un élément déterminant (si vous voulez me faire plaisir, n’hésitez pas à citer mon blog dans vos communications !). Dans ces conditions, le postulat est simple : plus un blog est visible plus il est représentatif des opinions du plus grand nombre. Les blogs français les plus représentatifs ont un page rank de 5 ou 6.

Constatons d’emblée que le nombre de blogs d’autorité est très faible : par secteur d’activité, il va tourner autour de quelques dizaines, ce qui finalement pour le technicien, est un bonne nouvelle car il est élémentaire d’indexer quelques centaines de sites.

Si cette heuristique «connu donc représentatif» est a priori séduisante, elle s’avère très restrictive d’un point de vue opérationnel. D’une part, dans le cas d’études sur l’opinion, nous avons pu vérifier régulièrement que l’opinion de «spécialistes» n’était pas celles d’une large population. Ceci est particulièrement vrai pour les consommateurs et l’est tout autant de la sphère politique. Sur son blog, M. Loïc Le Meur donne ses opinions et ses analyses à la façon d’un journaliste (ce qui tend de fait à devenir, la rédaction de son blog étant son activité principale). Ses opinions sont beaucoup trop convenues – sans que le terme soit péjoratif – pour affirmer qu’elles soient spontanées.

Si l’on souhaite réellement connaître l’avis des milliers de consommateurs du «Café du Commerce électronique», il faut analyser la Long Tail soit en France, environ 4 millions de blogs. Ce qui n’est pas une bonne nouvelle pour le technicien mais va constituer une extraordinaire base d’observations de la société.

Et le pouvoir d’influence ? C’est une tout autre dimension et il est évident que celui des blogs d’autorité est réel au même titre que celui de tous les autres médias. Plusieurs acteurs dont la société pour laquelle je travaille ont des projets et des offres à ce sujet qui est pour le moins complexe. Là aussi trouver un coefficient qui mesure le pouvoir d’influence n’est pas trivial : réduire le pouvoir d’influence à un comptage de nombre de liens est évidemment réducteur. Ce n’est pas parce qu’une opinion est partagée qu’elle est admise.

Mais alors, comment suivre et analyser les millions de contributions de la Long Tail. La suite au prochain épisode ou si vous êtes pressés vous pouvez lire l’article.

Alain Beauvieux

(1): « Listening instead of asking : how blogs provide a new way to better understand market trends », par François Laurent, (http://www.marketingisdead.com) et Alain Beauvieux. Voir www.esomar.org ou sur demande.

Commentaires

Merci pour cet article qui met le point sur certains éléments critiques de la surveillance des opinions. Comme vous le disiez, ce sujet est complexe, d'ailleurs son lexique n'est pas encore stabilisé : veille image, réputation, influence...quelle différence entre la perception, l'image et la réputation ?
Une société comme Apple prend-elle au sérieux les quelques centaines de milliers de commentaires et posts de blogs sur ses produits ?!?! Et si oui, qu'est ce qu'elle surveille : le body ou le tail ? ...
La surveillance du body pourrait être bénéfique pour les veilleurs mais pas pour les analystes, car c'est pas représentatif. La surveillance du tail pourrait être "un calvaire" pour les veilleurs et un avantage pour les analystes.
Donc, beaucoup de questions ne sont pas encore résolues. Sachant que la veille ne peut se faire sans sources, donc je penche plutôt pour un "procédé hybride" alliant body et tail ;-)
Qu'en pensez vous ?

Écrit par : Aref | 19/11/2007

Merci pour votre commentaire. De mon point de vue, la vraie question est ce que l'on souhaite faire: si l'objectif est d'étuder des opinions de consommateurs (ou de citoyens), la Long Tail est la cible; c'est aussi là que se dessine une partie des tendances et des expressions spontanées (signaux faibles). Si au contraire, l'idée de capter les "signaux forts" c'est-à-dire finalement les opinions les plus convenues, l'étude du Body est suffisante. Mais dans ce cas, existe t'il une réelle valeur ajoutée à le faire par rapport à du Press Clipping; une étude précise reste à faire mais intuitivement je n'en suis pas convaincu. Ensuite, la question du calvaire du veilleur est plus liée à leur façon de travailler: il est clair que si la collecte et l'analyse est faite manuellement, vu la profusion de sources (et ce n'est pas prêt de s'arrêter), c'est même un cauchemar! D'où la question des outils et la société AMI qui m'emploie en a fait son coeur d'activité. J'espère avoir répondu à votre question.

Écrit par : alain beauvieux | 19/11/2007

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