10/02/2008

Déficit commercial, défaitisme et PMEs

46284cda09bbc7d76532d99463e62eca.gif Si ce blog s'intéresse à l'observation d'Internet et aux outils qui l'analysent, il est aussi celui d’un dirigeant de PME. L’annonce du déficit commercial français de 39 milliards d’euros a été l’occasion d’une nouvelle épidémie de défaitisme, coutumière dans notre pays. La lecture de l’article publié par M. François David, Président de la COFACE (1), dans le Monde du 9 février 08 est un excellent remède (2), non pas que ce déficit soit un résultat à saluer mais plutôt qu’il faut analyser avec lucidité.

Que nous dit-il ? Que les 39 Mds sont à comparer au 156Mds d’euros de déficit du Royaume-Uni (peu connu pour son laxisme économique), aux 113 Mds de l’Espagne dont beaucoup salue le dynamisme. Que le montant des exportations par tête d’habitant place la France en 2ème position parmi les grands pays de l’OCDE et qu’un Français exporte 60% de plus qu’un Américain, 40% qu’un Espagnol, 35% de plus qu’un Japonais… Et qu’à l’échelle mondiale, il y a un acteur économique majeur qui prend des parts de marché à tous les autres pays, la Chine, qui, en dix ans, est passée de 2 à 7% de parts du marché mondial des exportations, acteur que l’on peut difficilement ignorer ! Et donc que le défaitisme n’est peut-être pas complètement justifié !

François David pose ensuite la vraie question qui est de savoir comment améliorer notre balance commerciale, répondant par «la croissance des PME» qui font par exemple que l’Allemagne est le champion à l’exportation : «le vrai sujet, longuement rebattu, mais jamais réellement concrétisé est de permettre aux PMEs de grossir… il est difficile pour un patron de PME de consacrer dix salariés pendant un an à attaquer le marché chinois lorsqu’il a une cinquante employés. En revanche, s’il est à la tête de 500 salariés c’est beaucoup plus facile».

Nous ne pouvons qu’être d’accord et remercier M. David de le rappeler. Et d’ajouter que ce constat en appelle un autre qui est la confiance qu’ont les grands donneurs d'ordre français dans les PMEs, problème régulièrement débattu autour « du Small Business Act » à la française (3).

De ce point de vue, M. David peut être doublement remercié. Notre entreprise a démarré son activité fin 2001 avec un chiffre d’affaires de … 10000€. En mars 2002, COFACE signait notre premier contrat majeur - beaucoup plus important que ce chiffre d’affaire - en nous faisant confiance, alors que notre bilan comptable n’était vraiment pas rassurant (vraiment pas !). Cette confiance, et celle de sa société à travers ses collaborateurs, nous a permis de démarrer et quelques années plus tard d’avoir un chiffre d’affaires de quelques centaines de fois supérieur à celui de 2001, une entreprise bénéficiaire qui fait vivre 25 personnes et est présente en Angleterre et en Suisse. Et continue « à grossir » avec une confiance renouvelée depuis plus de 5 ans. CQFD.

Alain Beauvieux

(1) Coface est la principale compagnie d’assurance spécialisée dans l’assurance-crédit à l’exportation www.coface.fr

(2) »Le lancinant lamento du déficit commercial. Le commerce extérieur français est tout sauf calamiteux. Chiffres à l’appui », par François David, Président de la Coface
http://www.lemonde.fr/archives/article/2008/02/08/le-lancinant-lamento-du-deficit-commercial-par-francois-david_1009078_0.html

(3) Depuis, une cinquantaine d’années, les grands donneurs américains ont l’obligation de confier jusqu’à 30% de leurs achats à des PMEs américaines, dans le respect des règles de concurrence. Cette mesure, qui ne s’inscrit pas dans la logique de l’assistanat et des subventions mais dans celle de la confiance et de l’investissement, a permis à de très nombreuses PMEs innovantes de devenir de grandes sociétés, Microsoft, Oracle, … en tête.

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